Le Café de l’octet ouvre sans subventions ni aides gouvernementales

Montréal, le 24 août 2022. – Café de l’octet bavard, un projet ambitieux qui offre de l’aide informatique gratuite à la population du grand Montréal est ouvert depuis le 12 mai, et ce, sans aucunes subventions ou aides gouvernementales.

«Au contraire » explique la fondatrice Stéphanie Savard «non seulement nous n’avons eu aucune aide de la ville de Montréal et de son organisation PME-MTL, mais ils nous ont compliqué la vie à chacune des étapes »

Les fondateurs de la coopérative voulaient offrir un cadre comfortable et convivial à la population pour obtenir de l’aide avec leurs outils numériques. Un endroit bien situé, accessible, près d’un métro, mais aussi visible. «Nous voulions avoir un endroit facile à voir qui n’est pas intimidant. Pas un local obscur dans un coin reculé. Un café semblait le parfait environnement pour atteindre nos objectifs » explique madame Savard.

Mais voilà, ce n’est pas facile pour une coopérative à but non lucratif de louer un local commercial. Les propriétaires cherchent à louer à des bannières et demandent des garanties importantes. « Quand finalement nous avons trouvé un local approprié » poursuit Stéphanie, nous avons dû signer le bail et donner des garanties personnelles. Cela a néanmoins joué en notre défaveur pour obtenir du financement et des subventions. »

En effet, avec la ville de Montréal, les subventions passent par PME-MTL, qui a une structure par secteur. Il faut savoir dans quel secteur de la ville nous allons avoir un local avant de faire une demande, mais si on a un bail, ça complique tout. Alors, c’est une question de la poule avant l’oeuf ou l’oeuf avant la poule. Après des mois à construire des plans d’affaire, de travail avec le conseillé de PME-MTL qui se montrait très enthousiasmes, c’est finalement un refus unanime que le comité de l’économie sociale du secteur centre-ville a donné à la coopérative.

Selon Stéphanie « En gros, ils ont choisi d’ignorer la mission sociale du café et de ne voir que un restaurant de plus. Je ne prête de mauvaise fois à personne, mais selon mon expérience, les gens ont tendance à percevoir la réalité à travers des lunettes plus ou moins fortement teintées de leurs propres intérêts ». La subvention de PME-MTL était perçue comme la pierre angulaire du financement et après le refus de cet organisme, les prêteurs potentiels qu’étaient le Réseau d’Investissement Social du Québec et la Caisse d’Économie Solidaire ont refusé d’aller de l’avant. Cela a eu pour effet de laisser l’ensemble du fardeau financier sur les bras des fondatrices Stéphanie et de sa conjointe Christine Le Seigle.

Christine explique «Nous avions un peu d’économie et nous avions fait un RAP dans le but de se construire une maison. Notre intention était de faire un prêt temporaire à la COOP, et de laisser le temps au financement institutionnel de se mettre en place. Mais là, nous devrons continuer à supporter la coop sur nos propres épaules. Ça laisse moins de latitude, et surtout, ça limite un peu le volet aide gratuite de la coop. Déjà, nous avons plusieurs personnes par jours qui viennent pour de l’aide informatique et je suis souvent obligé de leurs dire de revenir lorsque Stéphanie est présente, faute de moyen pour offrir le service 7 jours par semaine. »

C’est donc avec des moyens réduits que le service informatique gratuit est offert à la population. « On fait se qu’on peut » poursuit Stéphanie, « Je dois jongler avec le manque de ressources et nous sommes dans l’obligation de prioriser la partie café, histoire de payer les salaires et le loyer. Je donne un coup de main au café quand il y a un rush, je fais la comptabilité et au milieu de tout ça, j’aide plusieurs personne chaque jour ».

Comme si ce n’était pas assez, la ville de Montréal a refusé la demande de permis d’occupation initiale de la coopérative. Alors, au lieu de payer $240 pour avoir un permis commercial en deux jours, le Café de l’octet a dû faire une demande d’usage conditionnel puisqu’il y avait un usage communautaire. « Ça nous a coûté $2400 et un délai de trois mois parce que nous avons un usage communautaire. Une main de la ville de Montréal nous refuse de l’aide parce qu’on est juste une restaurant et l’autre nous impose des frais de permis 10 fois plus grand qu’un restaurant et un délai de trois mois parce qu’on a un usage communautaire » se désole madame Savard.

Stéphanie et Christine ne se paient toujours pas de salaire et ne pensent pas pouvoir le faire avant septembre.

Stéphanie encore « Quand tu regardes les programmes qui existent pour aider les coopératives à se mettre sur pieds, tu as l’impression que tu vas avoir de l’aide, que tu vas avoir des appuis. Après tout, le Québec est la terre du mouvement Desjardins. Mais en pratique, si tu pars autre chose qu’une coopérative d’habitation, si tu veux innover dans le domaine, t’es mieux de faire autre chose. Oui, si c’était à refaire, je ne ferais pas une coopérative et je déconseille à d’autres d’utiliser ce modèle. C’est trop d’efforts pour très peu d’aide. » 

Tout n’est donc pas gagné pour la coopérative de solidarité. «Si la coopérative s’implante et atteint une pérennité, ce sera seulement grâce à la détermination de l’équipe et à l’appui de la communauté, pas grâce à l’aide de quelques organisme gouvernementaux.

La Coopérative de solidarité de l’octet est une organisation sans but lucratif.

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Source:
Stéphanie Savard
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